
Faut-il avoir peur de Google ? Un documentaire Arte
Le titre de ce documentaire diffusé en ouverture d’une “Thema” d’Arte intitulée “Google, Apple, Microsoft, les nouveaux maîtres du monde”, pourrait sembler absurde. Faut-il avoir peur de Google ? On s’en doute : la question n’est pas là. Les documentaristes Stéphane Osmont et Sylvain Bergère ne s’intéressent pas tant à la technologie d’indexation de la Toile qu’à l’entreprise du même nom. Et tout d’abord à leurs deux créateurs, Serguei Brin et Larry Page.
L’histoire de leur réussite est un modèle du genre. Etudiants de l’université Stanford, en Californie, ils décident, à 24 ans, d’interrompre leurs études pour créer leur start-up dans un hangar. On est en 1998, et il ne manque pourtant pas d’acteurs sur le marché du moteur de recherche. Alta Vista est alors considéré comme le plus performant, tandis que le répertoire Yahoo ! est déjà un géant. Qu’à cela ne tienne : Sergueï Brin et Larry Page ont inventé un algorithme révolutionnaire, et ils y croient dur comme fer. Il faut dire qu’ils ont une botte secrète qui va révolutionner le monde de la recherche sur Internet et qui préfigure bien avant l’heure l’émergence du Web 2.0. Leur moteur de recherche ne se contente pas d’indexer les pages et les sites, il propose une nouvelle manière de présenter les résultats : les réponses sont proposées dans l’ordre de leur “popularité”, c’est-à-dire du nombre de liens qui pointent vers elles ; plus une page est citée, plus elle a de chance d’être pertinente. Moins de huit ans après leurs débuts, leur entreprise Google pèse deux fois plus lourd que les géants des médias comme Time Warner ou Disney, et représente environ sept fois la valorisation de General Motors.
C’est qu’entre-temps Google ne s’est pas contenté d’être le leader incontesté de la recherche. L’entreprise a aussi su profiter de sa position stratégique pour se diversifier et proposer toute une gamme de services. Mail, cartographie, publicité en ligne, logiciels de retouche d’images, traitement de texte… Plus rien n’échappe à l’appétit dévorant du géant de Mountain View, dans la banlieue de San Francisco. Google conserve les courriers électroniques, indexe les forums de discussion, scanne livres et ouvrages du monde entier, diffuse des flux d’information en continu, et, depuis le rachat récent de YouTube, partage les vidéos des internautes. Bref, Google pourrait tout savoir ou presque sur chacun d’entre nous. Son omniprésence est telle qu’une nouvelle pathologie est apparue aux Etats-Unis, la Google addiction. Vous avez dit peur ?